La mosquée Adda’wa avant |
Le chantier de la mosquée Adda’wa |
La future mosquée Adda’wa |
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Phase 1: Démolitions – Terrassements |
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Phase 2 : Fondations et gros œuvres |
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Phase 3 : Superstructure gros œuvres |
Le premier bienfaiteur de la mosquée Adda’wa
Cheikh Abou-Bakr Al-Djazairi etait le premier bienfaiteur de cette mosquée Adda’wa, voire son principal banquier.
Au Printemps 1980, il ramène l’équivalent de 2 millions de francs en liquide, portés dans ses propres vêtements. Il les emmène personnellement et directement à la mosquée de Ménilmontant où il fait une exhortation palpitante sur l’aumône pour construire la maison d’Allah sur terre et avoir sa propre maison paradisiaque au ciel. Alors, les fidèles vont se surpasser en donnant ou en prêtant plus d’un million de franc. Quelques semaines plus tard, Cheikh Abou-Bakr envoie les dirigeants de la mosquée Adda’wa récupérer 1 500 000 FF à l’ambassade saoudienne.
Grace au Cheikh Abou-Bakr, les dons de l’Arabie Saoudite se sont élevés à 3 430 206, 24 francs, entre le premier chèque encaissé le 3 décembre 1974 et l’inauguration du 15 aout 1980. Evidemment, il y a eu des dons après. La liste des bienfaits du cheikh Abou-Bakr est très longue. D’ailleurs, C’est cheikh Abou-Bakr Al-Djazairi qui a organisé incroyable une rencontre, début des années 70, entre des dirigeants de la mosquée Adda’wa avec le roi Fayçal, le plus grand dirigeant musulman depuis plusieurs siècles, assassiné par les siens, par cette partie de la famille saoudienne qui a trahi l’islam.
Le généreux entrepreneur
Chems-Eddine Dehbal était un entrepreneur qui s’activait bénévolement à la mosquée de Paris, puis à Stalingrad.
Patron à la retraite d’une florissante entreprise d’électricité, Dehbal a illuminé cette mosquée et son entourage.
C’est Dehbal qui a fait gagner à la mosquée Adda’wa une plus-value de plus de 5 millions de francs en vendant la mosquée-chantier de Crimée.
C’est ainsi qu’il est engagé par Mohand Tighlit, il sera son secrétaire général au sein de l’ACI, puis lui succède comme président après son décès.
Dehbal investit gracieusement et prodigieusement dans cette mosquée ses richesses matérielles, intellectuelles et relationnelles. Il refait gratuitement l’électricité de toute la mosquée. Et dépense sans compter. Ce qui comptait pour les hommes de la trompe de Tighlit, c’est servir et non se servir, c’est se donner et non se montrer.
Ainsi, en vendant 6 millions de francs un local acheté à 250 000 francs et qui a absorbé 240 000 francs de travaux, la communauté musulmane, après presque 2 décennies de dons de soi, a réalisé une extraordinaire plus-value financière. Avec cette cagnotte, la mosquée va acheter deux boucheries.
Dehbal était surtout le pilier de la réconciliation de la mosquée avec son environnement. Il a intégré le Comité du quartier de Stalingrad qui était fortement mobilisé contre la mosquée. Il assiste assidument aux réunions et démine progressivement les craintes et les soupçons des voisins. Alors, le Comité change d’avis et les opposants les plus enragés contre la mosquée deviennent ses soutiens les plus engagés. Le climat autrefois électrique devient idyllique. En se mélangeant aux autres avec bienveillance et en dialoguant avec intelligence, le courant passe mieux entre la mosquée et son environnement sociopolitique. Pendant cette période, Dehbal refait gracieusement toute l’électricité de l’église Notre Dame des Foyers dont le diacre, le père Michel Guillot ou Guyot, venait 15 jours pendant le ramadan servir les repas… et faire la plonge avec ses frères musulmans.
Le modeste érudit
Le grand érudit que fut Muhammad Hamidullah est né le 19 février 1908 à Hayderabad dans l’Inde actuelle. Il choisit de s’installer en France en 1948 suite aux troubles politiques qui aboutirent à l’annexion du sultanat de Hayderabad par l’Inde. C’est ainsi qu’il vécut à Paris une cinquantaine d’années, prenant part à de nombreux travaux qui enrichirent considérablement les lecteurs francophones, notamment par ses travaux sur la vie du Prophète d’une part et la transmission du Hadith d’autre part.
Tous ceux qui l’approchèrent furent marqués par l’étendue de son savoir et la grande humilité dont il faisait preuve. Il laisse un œuvre considérable – plus de deux cent cinquante ouvrages – ayant abordé la plupart des domaines de l’Islam en tant que religion et civilisation. Son effacement naturel le rendait très discret et l’on sait peu de choses sur sa vie spirituelle et son orientation intérieure.
Par certains traits de caractère, M. Hamidullah semble proche des mystiques de l’Islam qui, pour réaliser la proximité avec Dieu, n’hésitent pas à renoncer aux plaisirs et aux gloires éphémères du monde :
« Érudit comme il y en a peu, il n’en était pas moins un homme humble qui n’aimait pas l’apparat et fuyait la célébrité et ses artifices. En 1985, il fut choisi pour recevoir le Hilal-e-Imtiaz, la plus haute distinction civile décernée par le Pakistan ainsi qu’une substantielle somme d’argent. Fuyant les feux médiatiques, il déclina la distinction et reversa la somme d’argent au profit de l’Académie de Recherche Islamique à Islamabad.
En 1994, c’est le prix du Roi Faysal d’Arabie Saoudite qu’il déclina poliment préférant la rétribution divine à la reconnaissance des hommes.
Célibataire, il mangeait, s’habillait et vivait simplement, et s’occupait lui-même de ses affaires, du ménage, et ce jusqu’aux derniers instants de sa vie, sans demander d’aide à quiconque, tout comme il était entièrement au service d’autrui par tout ce qui était en son pouvoir. »
Mohand Tighlit est un grand moudjahid, résistant comme dit la France libre, fellaga comme disait la France colonialiste… Il militait pour la dignité et l’indépendance de l’Algérie, surtout en Allemagne avec Mouloud Kacem Naît Belkacem, un grand Homme de la même origine que lui : kabyle. Mais les deux ont le même ADN que celui des compagnons du Prophète : l’honneur. Naît Belkacem est, avec le grand savant Ben Badis, le plus important défenseur de l’arabe et de l’islam de toute l’histoire algérienne.
Mohand TighlitMohand Tighlit, le compagnon de combat de Naît Belkacem, a été plusieurs fois arrêté et sauvagement torturé par la France, surtout au commissariat du 19ème arrondissement de Paris qui était situé au 17 rue de Tanger, devenu école primaire sans nom propre, sauf celui d’école du 17 rue de Tanger. Comme si elle attendait d’être baptisée au nom de ce résistant musulman qui y a laissé ou ensemencé une partie de son sang. C’est au 39 de cette rue que le destin va récompenser cet Homme de la Libération par l’édification de la grande mosquée Adda’wa. Le champ d’honneur de Si Mohand, c’est se battre pour délivrer l’Algérie du colonialisme français, autant que se battre pour élever la plus grande mosquée de France.
L’honneur et la discrétion ont accompagné Mohand Tighlit pendant sa vie et pendant sa mort. Sa dépouille a été lavée et enterrée par ses compagnons, dont ses deux plus proches imams : Mohamed Moudjahid et Daoud Mahfoud. Comme l’a été Abdelkader Benahmed, le premier homme de la mosquée Adda’wa, lors de sa première journée dans l’au-delà.
4 septembre 1978 c’est la grande prière de l’Aïd. Pour la première fois, Si Abdelkader est absent de la mosquée Adda’wa, hébergée à l’époque à l’église de Ménilmontant. Il est retenu par l’Algérie, cloué au lit de la maladie. Chaque Aïd, Si Abdelkader invitait les responsables et les fidèles de la mosquée à prendre le thé chez lui à Belleville. Ce matin de fête, après la grande prière, le vide est pesant. Si Mohand Tighlit soupire larmoyant : « on va prendre le thé chez Si Abdelkader ? » Quelques heures plus tard, il embarque de l’aéroport d’Orly avec Daoud et Moudjahid. Ils n’ont pas l’adresse exacte de Si Abdelkader, juste le nom hésitant d’un quartier où il aurait vécu, où le taxi les dépose dans l’obscurité de la nuit et de l’incertitude. Cheikh Daoud marche en criant « Si Abdelkader… Si Abdelkader… » C’est ainsi qu’ils le retrouvent ! Ils dinent avec lui. Ils dorment chez lui. Le lendemain soir, il les quitte. Le surlendemain, ils lavent sa dépouille mortuaire. Ils organisent et prononcent la prière funéraire. Ils l’enterrent. Ils quittent l’Algérie le jour même. Et regagnent Paris pour poursuivre et faire-vivre son combat en France. Celui d’un grand soldat inconnu de l’islam. Celui d’un Homme d’Honneur méconnu des musulmans.